Monday, April 16, 2012

Je lisais

...tout à l 'heure dans une publication tout à fait estimable une interview d'un personnage plutôt sérieux conduite par un journaliste qui le connait bien semble-t-il ( les deux hommes se donnent du "tu " en veux-tu en voilà )et je me disais que ce type de familiarité est finalement un empêcheur de rêver en rond dans un cadre comme celui-là .L'histoire entre ces deux hommes ne nous regarde en rien et elle nous exclue de cet échange, le rend moins crédible, émousse son impact . Par ailleurs , et c 'est là tout l'intérêt du constat, cela me conforte dans l'idée que les contrastes illuminent.
Miles Davis , entre autre, avait magnifiquement compris que placer dans la même arène un keith Jarrett en colère de n'officier qu'au Fender Rhodes , un Michael Henderson tout droit dans le funk et un de Johnnette dans la ferveur d'un beat libre et fédérateur allait donner quelque chose de magnifiquement exceptionnel.Il savait et c'est ce qui fait que Miles est Miles, tout filou qu'il fut , cet homme était un metteur en scène de génie , pas de doute ...Pensons à Monk , un jeu fracassé , ancré dans une tradition cabossée par un personnage frondeur et passablement allumé.Et pourtant celui-ci braillait sur ses camarades " swing as hard as you can " - telle était l 'itinéraire - C 'est par ce sens du contraste que brille tout le génie de ce personnage pas comme les autres justement mis en valeur par d'autres qui lui offrent la fervente pratique d'une tradition qui chaque jour se bâtit un peu plus.
les êtres que nous croisons et qui nous "interpellent" (comme un bel interviewer ) nous font, par leur différence- et leur position claire et assumée - découvrir un peu plus de nous-même , l'échange ensuite s'engage et tout le monde , si la crainte est absente , en sors un peu neuf , un peu grandi , déjà pas mal ...

Sunday, April 15, 2012

PIAZZOLLA !

Villes

Quelle chance de pouvoir grappiller au gré de nos aventures de saltimbanques ,vernis il faut bien le dire, les parfums des villes que nous traversons. Récemment Barcelone , pour quatre jours sans rien d'autre que la douceur de la ville , de ses cafés , le quartier de Gracia, les rues qui s'animent , qui enflent à la tombée du soir ...
Puis quelques jours plus tard trois heures, volées, inoubliables , avant de reprendre un avion , pour monter jusqu'à l Acropole à Athènes , quel site merveilleux, on y sent tellement d'histoire(s) et on y entend la douce rumeur de cette ville tentaculaire .La rumeur en revanche dans les rues y est sombre , on le sait et on est instantanément en contact avec la réalité d'un pays qui s'est perdu en route et cherche son chemin.
Que dire de Lisbonne , découverte récemment ? Lu dans l 'avion le petit guide de Pessoa qui m 'a aidé à appréhender ce lieu si singulier comme un roman d'un autre temps .Sans boussole , au gré des ruelles , quelle merveilleuse errance, je me suis juré de retourner au plus vite me perdre dans le labyrinthe de l 'Alfama, de parler à des gens qui ont le temps , qui n'ont pas peur de l'autre et de voir de tous les belvédères le Tage et puis la mer .Se perdre , mieux se trouver .

Et avec ça qu'est-ce que vous prendrez ?

La scène se passe dans une ville magnifique mais assez peu accueillante , une ville qui a tout pour être heureuse mais fait un peu trop souvent la gueule , une ville un peu trop gâtée sans doute par tous les touristes qui s'y pressent et l'ont élue " plus belle ville du monde " : Paris .
Quartier , Châtelet , pas un des plus authentiques il est vrai . Après une assez copieuse journée , je décide de profiter d'un rayon de soleil inattendu pour m'offrir en terrasse un café , option lecture et observation de mes contemporains( toujours édifiant ) , ce genre de bonheur simple qu'il est vital de s'octroyer quel qu'en soit le prix ( en l 'occurrence deux euros et cinquante centimes pour quelques grammes de caféine et un peu d'eau chaude , amortissement du percolateur électricité et location de l'emplacement inclus .)
Deux sacs à la main , une envie pressante , je me dirige vers l 'endroit adapté (? ) d'un pas décidé " Bonjour Monsieur " m'adresse le taulier comme un défi ( j'en saisis déjà l'enjeu ) , je lui réponds du même air décidé et un peu plus enjoué . " Bonjour monsieur " .Jusqu'à présent , la balle est au centre, difficile de déterminer quelque forme d'avantage.De retour d'un endroit que l'on auarait aimé trouvé aussi propre que vous auriez aimé le trouver en entrant , ce qui n 'était pas le cas même si je n 'ai pas vraiment compris le sens de ce que je viens d'écrire . Je me dirige vers la terrasse - donc vers la sortie - c 'est là que les ennuis commencent - d'un pas tout aussi décidé , tout heureux à l'idée de me laisser bercer par cet accueillant soleil d'avril.Sur le pas de la porte, une serveuse me barre le passage , très très déterminée - à ce stade de l 'histoire , j 'ai toujours le blouson sur le dos , mes deux sacs à la main . "Qu'est-ce que je vous sers Monsieur? " - Il y a comme du défi dans le ton de cette femme , un mental de boxeur aussi et une colère très ancienne , antique même ...
- je vous le dirai lorsque je serai installé à votre terrasse rétorqué-je ... Moment de flottement ,nos relations ne partent pas d'un bon pied , je le sens , elle le sent aussi , j'en suis certain !
Je réfléchis , il faut faire vite , la tension est là , déjà sourde ...Je sens que nous sommes partis pour un fameux round d'incompréhension , j'ai du mal à m'empêcher de mettre un peu d'huile sur le feu " Alors donc , en fait , vous vous imaginiez que j'allais utiliser vos latrines et m'enfuir à vive allure ? c 'est cela ?
- vous ne seriez pas le premier, une haine profonde à l'égard des non consommateurs est palpable, je paierai pour tous ceux qu'elle n 'a pu prendre sur le fait , martyr de ces incontinents impunis.
A ce moment précis , je propose de m 'extraire de cette situation.
- Je vais vous donner 2 euros cinquante et aller m 'assoir à la terrasse d'en face , ainsi vous n'aurez pas "perdu"d'argent , l'utilisation de vos latrines est amortie et je peux m'en aller vers des cieux plus souriants .
La serveuse , difficile de l 'appeler ainsi réflexion faîte , refuse la transaction , je lui rappelle que je viens irrégulièrement mais assez fréquemment m 'appuyer à son comptoir en quête de caféine , elle ne me croit pas , elle ne me croit plus , elle ne m 'a jamais cru , et elle ne me croira jamais je le sais maintenant, notre relation n'a plus d'avenir .
" Quelle ville de merde tout de même " lui dis-je comme pour lancer un débat.
- T'as qu'à rentrer chez toi !
- Je suis chez moi ...
je suis parti , n'en revenant pas ( c 'est le cas de le dire et cela fait partie de mes résolutions ) , en marmonnant un salut vieille conne à peine convaincant .

Saturday, April 14, 2012

intelligent

En ce moment, peut-être les effets d'une campagne électorale désolante, comment ne pas avoir envie de devenir plus intelligent , de mieux s 'armer contre ces effets de manche effrayants , contre une société du spectacle arrivée ( on l 'espère) à la fin d'une ère . Il serait temps, si l'on veut que l'idée de politique ne disparaisse à tout jamais, que l'on donne de l'importance à tous ceux qui font les choses par défaut , par dépit et dans l'idée d'une politique du moins pire .De ceux qui ont perdu la boussole de leurs convictions et qui avancent dans la pénombre d'un monde qui ne les comprend plus .En ce sens ,il n 'est guère surprenant que la comptabilisation des bulletins blancs ( ceux qui expriment une conscience politique mais un un désaccord avec les propositions qui nous sont faîtes ) passe à l 'as depuis si longtemps . De qui se moque-t-on,quelle est le sens d'une démocratie qui se permet d'ignorer l 'existence d'un désaccord ? Il faut réfléchir à cette question , sérieusement , il ne s'agit pas d'un enjeu mineur .
Alors en ce moment , l 'antidote, ou plutôt le kit de survie , c'est fuir tout contact télévisuel ,peu de presse ou alors bien choisie , lire Hannah Arendt, Arno Schmidt, Chomsky, Norman Baillergeon,Lucie Aubrac, Pessoa, Borges,Cortazar et manger de temps à autre un macaron de bonne confection.Ne l'oublions pas .