Tuesday, February 23, 2010

Vu Mother , beaucoup aimé ce film, une sorte de tragédie grecque thriller coréen ( je sais que vous voyez parfaitement de quoi je veux parler )
répétitions ONJ , on revoit des détails du Broadway in Satin et du Carmen ... ça change ...Rien de tel que le travail et le temps passé à rentrer dans les détails du son .
Finalement le luxe serait de s'y coller trois fois par semaine et d'explorer une multitude de directions possibles , et il y en a croyez-moi .
Je suis en train de lire un bouquin sur Bernstein ( pas Peter , Leonard ) sacré bonhomme , libertin, bourreau de travail ,pas toujours pris au sérieux à cause de ses escapades dans les monde de ce que certains croient être la musique "d'en bas ", un peu triste ...Certains être ont mille vies...
Quel étrange bonheur de tomber sur "God only knows "au hasard de la Random attitude informatique, sur une chanson d'un telle force , comme de croiser un vieil ami dans la rue .

Tuesday, February 16, 2010

ça se discute mais c'est un bon point de départ ...

Les grandes oeuvres d'art ne sont grandes que parce qu'elles sont accessibles et compréhensibles à tous.
Léon Tolstoï

Sunday, February 14, 2010

Pourquoi , pourquoi ?

Voilà une question pas si saugrenue posé par un camarade journaliste qui s'intéresse aux autres , j'ai choisi d'y répondre en écriture automatique , en mode improvisation .

Pourquoi le Jazz ?

Pour devenir riche et célèbre …
Le Jazz parce que l'interaction , la conversation , la confrontation des points de vue . Le Jazz parce que je m'ennuie vite si je répète trop souvent la même chose.le jazz pour le danger qui va avec, parce que c'est une musique qui célèbre l'instant et qu'être heureux c'est peut-être justement célébrer l'instant, oublier ce qu'il y avait avant et ne pas se soucier de ce qui vient par la suite . C'est peut- être cette célébration qui rend heureux les gens qui nous écoutent.
Le Jazz aussi parce qu'il se marie bien avec tout un tas d'autres choses qui me passionnent , d'autres musiques, d'autres formes artistiques.
Le Jazz est un peu libertin, il couche volontiers et en ressort souvent grandi, ce n'est pas une forme de musique pure, c'est un mélange par essence , et cela laisse la place pour de nouveaux ingrédients, au fur et à mesure que l'on en découvre .
Le Jazz aussi parce que ce n'est jamais fini. Aujourd'hui , j'ai acheté des disques de Giuffre , Ellington , Milt Jackson, Lionel Hampton, Bob Cooper, et là-dedans il y a encore des trésors à découvrir, des plateformes pour décoller vers des ailleurs à inventer. Le Jazz doit être libre de se tromper, de faire fausse route, le monde du Jazz doit accepter cela parce que le public, lui, est prêt à vivre cette grande aventure avec nous, aller avec ses propres balises vers de nouveaux hasards. Il ne faut pas sous-estimer ceux que l'on appelle parfois les " gens ". L'instant célébré pour ce qu'il apporte de surprise de toutes sortes, bonnes ou mauvaises peu importe, c'est le jeu …. Le Jazz parce qu'il nous maintient en éveil , on en a tous besoin.

Saturday, February 13, 2010

Penser la musique aujourd'hui , remix

je viens de remettre la souris sur une série d'entretiens virtuels assez "freestyle "menés par Jean Rochard sur le thème Penser la musique aujourd'hui
Je vous les livre , bruts de décoffrage ( jamais vraiment compris cette expression )

Penser la musique aujourd’hui , entretien virtuel avec Jean Rochard.


Question 1 : Pier Paolo Pasolini a dit "Les chefs d'oeuvres du passé sont bons
pour le passé". Doit-on inscrire la musique aujourd'hui dans une
"perspective" délibérément historique et avec quels effets ?
-ça commence fort …Si j’ai bien compris la question , ce vieux Pier cherchait à « du passé, faire table rase … », pas sûr que ce soit une bonne façon de régler le problème du poids des ancêtres , des maîtres ,de leur intimidante et fantomatique présence .Ce serait un peu comme mettre un store sur un paysage ensoleillé ; le paysage reste , la seule différence ,c’est qu’on ne veut pas le voir
…Je ne peux répondre que pour ma pomme sur le sujet …Voilà comment je vois la chose :
-Écouter,étudier,digérer,comprendre,mettre en perspective,tout cela est très certainement un passage obligé ,nécessaire …L’être humain fonctionne de façon étrange et surprenante,on ne sait jamais réellement ce qu’il reste de nos années de formation ,sous quelle forme tout cela va sortir …Comment et quand on intègre les informations …On ne saura jamais ce qui fait qu’un enfant un jour intègre à son vocabulaire un mot qu’on lui avait pourtant répété cent fois…
Personnellement aujourd’hui , lorsque je compose ou joue de la musique , je n’ai très honnêtement aucune idée de qui m’influence , je fuis ce type de parasite ,tout genre de parasite(je ne veux pas savoir pour qui je joue , ni pourquoi… ).Je cherche plutôt à retrouver cette âme d’enfant, une sorte d’innocence nourrie de tout un tas d’histoires (de la musique,de la littérature,du cinéma,de l’amour aussi…) mais je ne cherche pas à mettre tout cela dans une perspective , bien à l’inverse …l’idée est plutôt d’en avoir tant ingurgité que le « lâcher prise est la seule issue »…La recherche de cet état pourrait d’ailleurs expliquer la surconsommation fréquemment pratiquée de produits plus ou moins licites qui facilitent la fabrication d’un univers parallèle …
Je me souviens d’une conversation avec Joe Zawinul qui m’avait confié avoir arrêté d’écouter de la musique le jour où Barry Harris,croisé dans la rue peu après ses débuts à New York , lui avait lancé comme un compliment « Je t’ai entendu à la radio l’autre jour, j’ai cru que c’était moi , bravo mec ! ».Il avait alors rangé sa collection de lp’s dans des cartons pour ne plus jamais la ressortir…

Je suis un chemin parallèle en sens inverse.Ma manière de me libérer du poids de ceux qui m’impressionnent est certainement dans cette écoute insatiable et ininterrompue de musique , de toutes les musiques,tellement multiples et diverses qui ne m’en reste que des couleurs et des idées ,tellement diffuses qu’elles mettent au placard le danger d’influence…Curieusement,j’ai toujours voulu préserver une part de mystère en écoutant pas « à fond »les disques que j’adore , comme si j’avais peur de les « user »,j’ai besoin de garder quelques recoins d’eux que je ne connais pas bien , que je ne comprends pas du tout …Ce si précieux mystère que préserve l’amateur ou l’amoureux.

Penser la musique 2
En parlant de mystère, le chanteur et batteur Aldo Romano disait hier soir
sur TSF que c’était génial que tous les jeunes musiciens de 20 ans sachent
jouer
le blues. Le blues a souvent été compris comme une expression de la
souffrance inventée par des gens qui souffraient. Si tous les musiciens de
20 ans
savent jouer le blues, est-ce à dire qu’ils souffrent tous, qu’ils savent
tous
partager intérieurement la souffrance des autres ou encore que la
souffrance peut
s’apprendre à l’Académie ?

On soulève un problème à angles multiples .Je pense qu’Aldo parle de
compétences (il serait intéressant de lui poser la question )…Compétences
dans le sens de la maîtrise d’un langage. Charlie Parker, on le sait, a
passé sa vie à « travailler » le blues et l’anatole(une séquence
harmonique très usitée appelée Rythmn Changes en Anglais puisqu’elle
trouve ses racines dans le I Got Rythmn de Gershwin ).Il y a là-dedans ce
que le Jazz compte de plus usité en terme de progression harmonique
…Travailler cela ,c’est être armé, entraîné pour pouvoir faire face à de
nombreuses situations musicales et le travail d’un musicien c’est aussi
cela , c’est aussi cela sa vie …Et la vie de Bird , comme ne le montre que
très peu Eastwood dans son film (qui très certainement partait d’un bon
sentiment) ,ce n’est pas que la seringue , le racisme et l’errance ,c’est
aussi l’histoire de quelqu’un qui dix heures par jour se donne les moyens
d’exprimer son blues , d’être connecté à ses états d’âmes,comme Richter ,Coltrane et Dutilleux …
L’idée de souffrance , on peut aussi s’en méfier …Elle ne valide pas un propos artistique …
Bref…Ce qui peut s ‘apprendre à l’Académie,c’est un langage …et le jazz , c’est aussi un langage, …Avant ,il s’apprenait sur scène essentiellement et c’était une musique de tradition orale…Aujourd’hui , on a accès à tout mais le plus souvent c’est du « seconde main » ( par l’image,le disque, internet…)On ne peut plus aller écouter le son de Billy Higgins en direct(et de près) pour mieux en saisir les secrets,on ne peut plus voir Mingus ou Monk diriger leurs groupes , entendre le ténor de Dexter faire trembler les murs du Vanguard …L’essentiel, tout le monde le sait (espérons-le) n’est ni dans les livres ,ni dans les classes mais parfois , sur les bancs d’une école ,on croise le regard plein d’histoires de quelqu’un qui a vécu et qui vous transmet une petite flamme , de celles qu’on entretient avec la précaution de l’homme des cavernes pour tenter d’en transmettre le secret à son tour …
Le blues,au sens de l’expression d’une souffrance est partout,dans la musique des roumains ,dans les pages de Chopin,de Messiaen ,de Ligeti,dans l’apparente transparence de Mozart,dans la transe de Fela , dans les malices de Bill Frisell et les sourires d’Armstrong …
Les affaires de blues en tant qu’expression de la souffrance,ça regarde chacun,on n’est pas obligé d’y faire référence…Dans toute musique ,il y a souffrance, elle se cache comme la joie et je n’ai pas envie d’en parler ,chacun la trouvera où il l’entend …


Penser 3


Mais on peut certes tout apprendre, mais est-il encore possible de jouer le
jazz comme une première langue à un moment où il est généralement appris de
façon scolaire. Dans une interview de Federico Fellini (les italiens sont en
force dans cet épisode), il datait ses projets très antérieurement au moment où
il en avait l'idée. Depuis quand existe un projet que l'on réalise ?


Le terme « première langue » est intéressant, j’ai souvent pensé à cette histoire de première et de seconde langue .Pour moi , c’est une chose assez claire , en tant qu’individu ayant vu le jour dans il était une fois dans l’Ouest de la France.Je me balade aussi pas mal à droite à gauche , j’ai vécu à New York deux années durant et y retourne très régulièrement …Peut-être le fait d’être si proche de cette culture m’a fait réalisé à quel point j’en suis loin…Et pourtant , Dieu sait si je me contrefous de ces histoires de nationalité ,du Football en bleu ,du terroir et de la Joconde …
Le jazz, tel qu’il est vécu par ceux chez qui il a vu le jour n’a pas le même parfum,la même pulsation , la même énergie …Il est d’ailleurs fort différent d’une côte à l’autre des Amériques (West et East,on en a même crée des appellations contrôlées …)
Je crois qu’en tant que musicien (et cette fois de Jazz , puisque cela semble être le sujet …),et en tant qu’expatrié du Jazz , je ne le parlerai réellement jamais avec le bon accent ou alors comme Yves le Cocq imite Jacques Chirac,c’est à dire moins ou plus Chirac que l’original, en forçant un peu le trait …On peut s’en rapprocher … Mais finalement, quel intérêt ?
Voici comment j’opère, en ce qui me concerne, bien sûr, cela n’engage que moi…
Le jazz , je le travaille à la maison , je m’en imbibe , comme de mille autres musiques (aujourd’hui la pratique effective du jazz sur disque , sur scène , à la maison doit représenter quarante pour cent de mon temps …)Je m’en imbibe , disais-je , je me fourre le nez dans les standards ,qui sont pour moi un sujet d’émerveillement sans cesse renouvelé et ont eu un impact extraordinaire sur la musique populaire d’aujourd’hui .J’absorbe , un maximum de choses , de notes , de films , de techniques,de regards ,de soleils …Ces merveilles accumulées constituent une forme de terreau qui favorise la pousse de ma petite personne artistique. Ensuite , comme je le disais dans ma réponse à la question 1 , il n’est pas question pour moi de réfléchir trop…J’essaie juste de trouver dans quel sens va mon folklore, de sentir ce que je peux raconter à partir de tout cela et aussi à partir de ce « rien » qui n’est jamais vraiment rien puisqu’il y a nos mémoires …
Donc , on va dire que je jazze dans mon espéranto…Et plein d’autres le font … Un gars comme Minvielle, que je côtoie régulièrement jazze scatte et rappe en gascon , il étudie les accents … Les scandinaves ont commencé très vite à brouter dans la prairie du voisin ou plutôt à inventer leur « Jazz » ,empreint d’un folklore ,le leur … Comme le Jazz de Jarrett, de Paul Bley ou de Metheny qui doit autant à Bud Powell , Ornette, Ahmad Jamal qu’à Pete Seeger , Joni Mitchell et George Jones …
J ‘aime bien le nom d’ARFI , l’idée d’une association à la recherche d’un folklore imaginaire,c’est un truc qui me plait depuis tout petit lorsque j’allais au Dunois écouter Sclavis en solo et que j’étais épaté par la force du bonhomme, par sa capacité à coller l’instant au dixième près …
De toutes façons,si on regarde bien , le Jazz , cela a toujours été un très joyeux bordel et une géante partouze d’influences…Les Afriques ,L’Amérique(du Nord, du Sud …) , Tout le monde s’en mêle et apporte son manger au pique-nique .Parfois , on mord un peu dans le sandwich du voisin et on le questionne sur les ingrédients , la confection.La culture , alors circule gaiement , comme elle devrait le faire toujours …
A propos de l’idée de« Projet » et du dossier Fellini …Il y a quelques années , à une époque où je ne jouais encore « que »la musique des « autres », j’avais sans trop réfléchir , collecté lors de mes voyages musicaux une multitude de sons… Dans les bus, les avions , les villes , les champs et les chambres d’hôtel.J’avais aussi consacré beaucoup de temps à l’observation des autres , de leurs réactions , de leurs méthodes de travail en studio , sur scène et partout ailleurs…
Lorsque l’envie m’a pris de consacrer du temps à cette petite musique intérieure et que j’ai fabriqué « Recycling The Future »,mon premier album, je me suis aperçu dès le premier jour que je savais exactement ce que je voulais faire, je comprenais soudain le sens de cette longue période de collectage et d’observation.La musique , peu à peu , prenait forme et , dès le premier jour d’enregistrement j’ai découvert, étonné , que je savais très précisément ce que je voulais entendre , beaucoup plus clairement que je ne le croyais…Au delà de cela encore,j’entendais prendre forme une musique que j’ignorais avoir imaginé…
C’est pourquoi , j’ai toujours aujourd’hui , quelque soit le projet à venir , la nécessité de donner aux choses le temps de mijoter, de fabriquer un terrain propice à la réception d’idées , de désirs …Il faut se laisser rêver , s’autoriser ce qui parfois ressemble à une perte de temps, à tel point que c’en est parfois douloureux …De là , toujours , émergent ces fameux « projets », de ce petit espace entre le réel et l ‘imaginaire où se nichent de bien belles surprises et de surprenantes parties de nous-mêmes…
Penser 4
Cortazar "cite" Charlie Parker : "cette phrase je l'ai joué demain" et toi tu
"recycle le futur". Quel est le temps de la musique ?

Le temps de la Musique , c’est le temps des Hommes …
C’est le cas de plus en plus , quoi qu’on en dise puisque la Musique prend plus d’espace encore qu’elle n’en prenait avant.Toutes les générations pratiquent le Mp3,un sport à haute baladeur…Pas un magasin sans musique,pas un hôtel sans musique,pas un restaurant sans musique…L’appétit est là , les gloutons aussi …Simplement , on ne leur donne guère le temps de réfléchir et on les prive peu à peu de ces outils de réflexion…ça simplifie les choses pour fourguer de la marchandise …La Musique,comme tout de qui est Idées –la politique par exemple –passe maintenant assez inévitablement par le canal des professionnels de la communication et de la vente (massive ou artisanale),ça devient complexe de démêler le vrai du faux , de savoir qui chante juste et ne nous mène pas en bateau …
Quant au temps …Pour y revenir plus précisément, puisqu’il y a de la marge et de l’espace - donc du temps -dans ces questions ,c’est la matière première de la Musique,c’est la Grande Synchronie ,c’est aussi le plus beau des terrains de Jeu .Le Temps de la Musique commence toujours Demain …
Jouer demain, Recycler le Futur …Tout cela, c’est probablement aussi cet espace de liberté de l’artiste qui peut se promener un peu à contre courant, qui est là aussi pour offrir cette bulle d’air à ceux qui ne l’ont pas sous la main.
Souvent , lorsque je produis des disques (on dit aussi réaliser ou en être le « directeur artistique » ), je suis confronté à la peur de certains musiciens d’enregistrer quelque chose qu’ils ne pourront pas reproduire sur scène avec leur formation , les moyens qui leur sont donnés …Je crois que lorsque l’on fait un disque ,il ne faut surtout pas s’embarrasser de ce type de problématique …Faire un disque c’est aller où l’on veut , jusqu’au bout de son idée…Il y aura toujours quelques personnes pour vous suivre si vous allez jusqu’au bout , ne faîtes pas un disque en pensant aux tourneurs , aux magazines , à vos carrières …ça , on y pense peut-être après , mais ça ne doit pas être contenu dans la boîte …Faire un disque , c’est aller où l’on veut , personne ne peut vous empêcher, peut-être si vous êtes Madonna , et encore …Faire un disque , c’est fermer les yeux , et peindre ses rêves en sons …l’Après viendra naturellement si vous êtes allés au bout …

Out of The Cage

c 'est le titre d'un projet auquel je réfléchis ces jours-ci , sous -titre "Où commence la musique" J'ai toujours pensé que Cage avait exploré avec bonheur (et jubilation ) cet espace de mystère qui se situe confusément quelque part entre "la vie " et la musique , entre l'organisé et le hasard , il s'est promené dans cette zone avec la légèreté d'un funambule et le sourire amusé d'un homme libre .


If something is boring after two minutes, try it for four. If still boring, then eight. Then sixteen. Then thirty-two. Eventually one discovers that it is not boring at all.
J.cage
I can't understand why people are frightened of new ideas. I'm frightened of the old ones
J.cage
etc etc etc etc.

Pour mon grand retour dans le monde des blogués , je passe la parole à un ami

There's nothing remarkable about it. All one has to do is hit the right keys at the right time and the instrument plays itself.
-- Johann Sebastian Bach